Maman pétille
14 Février 2019
Aujourd’hui j’ai eu envie de revenir sur un incident qui s’est déroulé il y a quelques semaines. Une « péripétie » dans mon quotidien de maman. Une scène somme toute banale mais qui m’a laissée un goût amer et m’a conduit à m’interroger sur mes principes éducatifs, à me remettre en question… « Suis-je trop sévère ? », « Suis-je suffisamment stricte ? » (c’est contradictoire, en effet, mais vous allez comprendre…), et le fameux « Suis-je une « bonne » maman ? », bref la machine à questions s’est activée comme jamais…
Revenons sur les faits.
Un samedi matin, peu avant les fêtes de fin d’année, j’avais quelques bricoles à acheter au supermarché. L’HomCostaud travaillant ce jour là, me voilà donc partie avec mes deux minis sous les bras.
A peine arrivée dans le magasin, Cracotte jette son dévolu sur un livre de coloriages. Une demande d’achat que j’ai refusée puisqu’elle dispose déjà d’un tiroir complet d’albums à moitié commencés. La nouvelle semble être acceptée. Mais elle insiste tout de même pour le feuilleter pendant que je termine nos emplettes. Ce que j’ai admis à condition qu’elle le repose au moment de passer en caisse.
Les magasins sont des lieux de tentation pour les enfants. Je l’admets.
Habituellement, tout se passe bien.
J’essaie d’être claire sur l’objet de notre sortie dès le départ. Il y a bien quelques tentatives de détournement, quelques bouderies et parfois même quelques larmes mais tout rentre dans l’ordre. Habituellement.
Mais pas cette fois.
A la fin de notre slalom dans les allées du supermarché, loin d’être déserté, ledit livre a bel et bien était posé mais, dans le caddie.
La suite de l’histoire, vous devez l’imaginer.
La petite fille douce et calme s’est transformée en un petit monstre.
Des cris, des pleurs, des « t’es méchante », des « siiii je le veux », « de toute façon on va le prendre, J’AI DIT », des coups, de pied, de poing, dans le caddie, dans la caisse, des « J’AI DIT si », des hurlements, encore, un refus de quitter le magasin…
J’ai tenu bon malgré le regard lourd de certaines personnes, malgré sa petite sœur qui a gentiment profité du détournement général de l’attention pour tenter de déserter le caddie tout en me vidant au passage un rouleau de papier sulfurisé, et en m’éventrant un sachet de pâtes, malgré la fatigue accumulée en ce samedi de fin d’année, malgré la pluie qui s’abattait dehors nous trempant jusqu’aux os en l’espace d’une petite minute, que dis-je, d’une éternité, nécessaire pour traverser le parking.
Ah oui parce qu’est-il utile de préciser qu’il a fallu batailler pour qu’elle regagne notre voiture le tout en se mettant en danger, et en nous conduisant sa sœur et moi dans sa prise de risque.
Dépitée. Vidée. Voilà ce que j’étais.
Je me suis laissée dépasser par la situation autant qu’envahir par les émotions.
Les larmes n’ont pas pu s’empêcher de couler.
Erreur, me direz-vous.
Je le sais.
Un incident banal vous ajouterez. Oui mais.
Un incident qui m’a drôlement secouée jusqu’à m’entraîner dans une confusion totale.
Suis-je trop exigeante ? Manquerais-je d'indulgence ?
Elle n’a que 4 ans.
Est-elle trop gâtée ?
Ah ça oui… Les filles sont comblées de cadeaux par leurs grands-parents. En toutes occasions. « Tiens c’est samedi et si on allait chez Gifi ». J’exagère. Mais pas tant que ça.
Cracotte ne manque de rien. Et encore moins d’un énième livre de coloriages.
Une façon de me rassurer ?
En matière de jeu, le besoin ne doit-il pas s’effacer au profit de la notion de plaisir ?
Une telle frustration pour quelques euros… Aurais-je dû céder ?
Ce n’est pas 3 euros et des brouettes qui allaient mettre à mal l’équilibre budgétaire mensuel de la famille.
Cela aurait été plus facile. Pour moi. Assurément. Mais pour elle ? Est-ce que c’est ce que j’ai envie de lui inculquer ?
Je vais sans doute paraître trop prise de tête pour certain. Je ne peux que confirmer. Mais que voulez-vous on ne se refait pas.
À l'ère de l'éducation bienveillante et de la psychologie positive j’avoue être tiraillée entre le sentiment d’être trop ou pas assez, entre autorité et laisser-aller.
J’oscille entre vouloir œuvrer à son épanouissement tout en la confrontant à la réalité… un combat constant entre nos valeurs et celles qui nous sont imposées par la société dans laquelle nous évoluons.
Je jongle entre l’enfant que je vois, en grand besoin et qui manque terriblement de confiance et l’adulte que je suis, avec ses états d’âme et ses principes.
J’essaie de lui transmettre des valeurs.
Le respect des choses et des personnes sont en tête de liste.
Céder aurait été une façon de légitimer sa réaction totalement démesurée à mes yeux et de la laisser croire qu’elle peut obtenir tout ce qu’elle désire en un claquement de doigts, de tolérer certaines attitudes irrespectueuses.
Au quotidien, je valorise l’écoute et la communication.
Pour autant, j’aime la rigueur et la justesse.
Le goût de l’effort, le sens du travail et la valeur des choses sont autant de préceptes avec lesquels j’ai grandi et que j’ai envie à mon tour de transmettre.
Les contraintes font partie de notre quotidien en tant qu’adulte.
Certaines s’imposent à nous sans que l’on puisse les discuter.
Je pense aussi que les règles et les limites sont nécessaires pour se construire, se préparer à cette réalité pas toujours olé-olé.
Éduquer ce n’est pas séduire. Avais-je lu je ne sais où. L’idée me plaît.
Voici un article où je me/vous pose plus de questions que je ne vous apporte de réponses…
Et si j’arrêtais de me juger, de penser que je suis trop ou pas assez, et que j’acceptais ENFIN la maman que je suis, avec ses défauts et ses qualités…
C’est par là que je devrais commencer. Enfin… Je vais essayer.
Éduquer un enfant est loin d’être une évidence et encore moins une science exacte. Après tout si le mode d’emploi existait ça se saurait, pas vrai ?
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