Maman pétille
12 Septembre 2019
5 ! Comme les bougies que nous venons de souffler.
Voilà 5 ans que tu as fait de nous des parents.
5 ans que tu as déboulé dans nos vies.
Comme ça. Là. Juste au moment où on ne s’y attendait pas.
Toi, ma curieuse, ma têtue, ma fine négociatrice.
Toi qui m’as souvent laissée sans voix face à ton aplomb déconcertant et ta fragilité qui l’est tout autant, à tes émotions si parfaitement décrites que tu ne parviens plus à gérer, à tes tempêtes intérieures, encore, tes questions, toujours (« c’est vrai que la météorite elle va nous faire tous mourrir ? »).
Tu es résolument emplie de contrastes.
Tu raffoles des amandes et des bananes mais pas lorsqu’elles sont cuisinées, de tomates crues, de gruyère mais non fondu.
Tu souhaites écrire qu’en attaché « pour toute la vie ». Tu aimes dire que tu sais lire, à qui veut bien l’entendre. Tu aimes dessiner, monter des spectacles et souhaites d’ailleurs en faire ton métier (plus tard, tu veux « faire acrobate »). Ce « plus tard », que tu t’amuses souvent à nous décrire. Quand tu seras maman, que tu sauras parler anglais et que tu auras deux maris, tu mangeras tous les jours des burgers, porteras des jupes et des pantalons sans « bringuette » et iras tout le temps te baigner.
Tu nous parles souvent de voyages. Non pas ceux que tu entreprends le sac à dos rempli de jouets entre la cuisine et la salle de jeux, les vrais, en « Egypse » et en « Norbège ».
Coquette au possible, tu refuses maintenant de prendre ta douche en notre présence, ne sors plus sans avoir mis un « pshit » de parfum, aimes les robes qui tournent, le vernis aux ongles et les tatouages. Pour l’éducation non genrée, on repassera ? En fait, non pas tant que ça, si l’on se réfère aux après-midis que tu passes à « jouer à la bétonnière » avec ton cousin.
Tu entames ton année chez les grands. Cette année que tu attendais tant, après celle qui nous a littéralement bousculée. Celle qui nous a conduit à nous interroger.
Mon ouragan. Mon énigme.
Tu me rends chèvre 20 fois par jour et m’émeus tout autant de fois. Au moins.
5 ans que j’apprends à te décrypter. 5 ans que j’ai toujours l’impression de tout foirer. Pourtant j’essaie. J’essaie de rester patiente, de ne pas m’énerver. J’essaie.
5 ans que tu me surprends. Comme lorsque tu me demandes un reportage sur les châteaux forts plutôt qu’un dessin animé, un DVD de « C’est pas sorcier » plutôt qu’une poupée.
5 ans. Juste 5 ans.
Et pourtant, tes mots, tes gestes sont touchants. Profonds. Souvent bouleversants. Tu es prévenante. Soucieuse.
Tu fais tellement plus grande. Physiquement déjà. Mais mentalement aussi.
Si seulement je pouvais te décharger de toutes ces choses auxquelles tu es amenée à penser et te conduire à regagner en insouciance, en liberté.
Et puis finalement, pourquoi vouloir te changer ? S’il suffisait de t’accepter toi, telle que tu es. Ma solaire, ma rêveuse, ma complexe, ma Cracotte…
Joyeux cinquième anniversaire !