Maman pétille
14 Mai 2020
5…
C’était ma projection de la famille complète, pour ne pas dire parfaite.
Comme les 5 doigts de la main.
Les 5 branches d’une étoile.
Comme les 5 sens.
Les 5 merveilles du monde. Ah non, on me souffle dans l’oreillette qu’il y en a bien plus en fait.
Bref, cela représentait pour moi l’équilibre parfait, sans doute insufflé par le modèle dans lequel j’ai moi-même évolué. Nous étions 5 à la maison.
Le hasard de la vie a décidé de corser un peu l'affaire. Une première grossesse qui a tardé à se pointer. Vraiment tardé.
Les premiers examens, leurs résultats incohérents.
L’infertilité inexpliquée, c’était tombé.
Les mots mais pas les maux, sinon ça serait trop beau.
Ce ventre plat, vide, que je finissais par rejeter.
Et puis la PMA.
Le calendrier et les rendez-vous bien calés.
Les protocoles et les hématomes sur le ventre.
La peur de se planter.
Les espoirs et les doutes. L’attente et la déception.
La culpabilité aussi qui peu à peu tend à s’inviter.
Pour enfin y arriver. Tu sais pile au moment où tu commences à accepter, à relâcher, où ta tête et ton corps sont ailleurs.
Alors cette victoire on l’a savourée. Un combat difficilement mené, oui mais contre qui en fait on se battait ? Nous ? La fatalité ? On ne le saura jamais.
Devenir parents nous a transformés. C’était un accomplissement, un rêve qui devenait réalité.
Très vite, nous ne nous sommes plus contentés. Nous avons eu envie d’agrandir cette famille tant espérée, tant idéalisée.
« Tu verras, le deuxième ça viendra tout seul » qu’ils disaient.
Ouais, bein là encore « ils » s’étaient bien trompés.
Les mois ont passé et nous nous sommes vite résignés.
La porte de la PMA nous allions la franchir encore une fois.
« Mêmes joueurs jouent encore ». Mouais.
La suite vous la connaissez.
Alors ce petit troisième, je continuais à l’espérer, sans pour autant oser l’évoquer.
Et puis, le sujet a fini par s’inviter.
Nous sommes rapidement tombés d’accord. C’était une évidence. Si nouvelle grossesse « il y aura », ce ne sera pas grâce à la PMA.
C’était au dessus de nos forces cette fois.
Je ne regrette pas le chemin parcouru, les épreuves traversées.
Même si elles m’ont donnée, à deux reprises, le plus beau des cadeaux, il y a certains détails que l’on ne peut effacer.
La perte d’estime, cette féminité qui m’a un temps échappée.
C’est un parcours qui nous a tant apporté mais qui nous a aussi un peu abimés, en tant que personne, en tant que couple.
La discussion a vite été clôturée. Et puis sans le savoir, quelques jours plus tard, à peine, tu t’es invité.
Au creux de moi.
Déjà.
C’était si inespéré. Et pourtant incroyablement vrai.
Très vite tu t’es d’ailleurs manifesté. Des petits signes de grossesse, ceux que je n’avais jamais eu la chance de côtoyer.
Le dégout. Les nausées.
Même ces petits maux devenaient si beaux.
Le miracle avait opéré.
A toi mon petit dernier.
J’ai déjà hâte de te rencontrer même si je peine encore parfois à réaliser.
A toi que j’espérais.
Merci de nous rendre bientôt complet.