Maman pétille
4 Octobre 2020
6 ans
On y est !
Un anniversaire un brin particulier cette année.
Pour la première fois je n’étais pas à tes côtés.
Pour la première fois, je me suis contentée de te le souhaiter par écrans interposés.
Tu étais bien entourée, tu as soufflé et re-soufflé tes bougies, mangé du gâteau au chocolat comme tu l’avais demandé. Tu ne m’en as pas voulu, mais moi oui, si tu savais. J’aurais une fois de plus rêvé de l’avoir ce don d’ubiquité. Foutue culpabilité. Et puis comme je te l’avais promis, nous les avons soufflé ensemble ces bougies, à mon retour de la maternité, entre nous, et puis ce dimanche en (un peu) plus grand comité.
6 ans.
J’ai l’impression de radoter. Mais bordel que c’est vite passé.
Et même si le temps a tendance à me manquer en ce moment je ne pouvais pas passer à côté de ces traditionnelles lignes qui te sont dédiées, comme pour tenter de figer les choses, les années.
Tu as si vite grandi. Trop ? Tu n’as QUE 6 ans en réalité. Et pourtant, on te rajouterait aisément quelques années. C’est déjà le cas pour t’habiller. Du haut de tes 1m29, c’est maintenant dans les vêtements « 12 ans » que nous sommes amenés à piocher. Si seulement le constat s’arrêtait là… L’insouciance des jeunes années me semble déjà loin à tes côtés.
Tu te passionnes pour tant de sujets. Des dinosaures aux châteaux forts en passant par le jardinage, l’univers, le corps humain, … Il y en a tellement qu’il m’est difficile de tous les citer.
Tu me surprends. Comme ce lundi matin alors que nous nous préparions à partir à l’école et que tu m’as parlé comme ça, d’un coup, d’Edmond Locard « tu sais celui qui a créé la première police scientifique à Lyon ». Non, je ne sais pas. Mais toi oui.
J’en apprends tellement à tes côtés. Dans mon rôle de maman déjà, mais pas seulement.
J’apprends à apprivoiser notre nouvelle relation, tout en essayant de te protéger de ce « monde de grands » que j’ai moi-même du mal à cerner.
Parfois j’aimerais te freiner. Assez maladroitement je te propose de « simplement » jouer à la poupée, même si je sais que cela ne t’a jamais intéressée. Non pas que je voudrais que tu restes « enfant », je me dis simplement que tu as le temps. Le temps de te préoccuper de toutes ces choses qui passent dans ta tête.
En réalité, cette nouvelle relation que nous sommes en train de tisser m’interroge plus qu’elle m’effraie.
Comme un reflet de mes émotions, tu sais me mettre face à mes propres difficultés.
« Toi tu es la maman la plus calme du monde », tu m’as d’ailleurs un jour soufflée.
Ah si tu savais. Je n’ai pas 6 ans, et pourtant, moi aussi… moi aussi je bouillonne face à ces comportements, certains mots et autant de maux, ces injustices. Moi non plus je ne parviens pas à les accepter ces flutains d’émotions. Celles-là même qui depuis toujours te font éclater, à tout moment de la journée. Avec toi, il n’y a jamais eu de demi mesure. Tu vis tout avec une telle intensité. Sauf que maintenant tu sais. Tu sais analyser pourquoi la cocotte minute a explosé.
« C’est nul de grandir ».
« J’arrive encore moins à me calmer ».
Et c’est ça qui est le plus difficile à gérer. J’essaie de t’aider, mais je me sens si impuissante parfois tu sais.
Et puis il y a tes doutes. Ce manque de confiance en toi, qui est toujours aussi marqué.
Alors qu’à la maison tu lis maintenant des livres entiers, tu n’oses toujours pas affirmer que tu sais lire « pour de vrai ».
Cette année tu as d’ailleurs fait ton entrée en CP. Les premiers jours ont été compliqués, on s’y était préparé. Tu ne voulais pas y retourner. Et encore aujourd’hui, tu aimes nous rappeler que tu aimerais bien « recommencer l’école comme quand on était confinés ». Mais pour autant, ça semble aller. Depuis quelques jours, je te trouve apaisée. Et ces quelques jours coïncident avec la naissance de ton frère. Aux petits soins, à l’écoute, calme, posée, j’ai l’impression que tu t’es révélée à son arrivée. Tu aimes être « double grande soeur ». Pourtant c’était loin d’être gagné. Ta réaction avait été si violente à l’annonce de ma grossesse, par crainte de ne pas trouver ta place, que l’on n’aurait plus de temps à t’accorder, même si ça tu ne nous l’as jamais avoué. Enfin, pas à nous directement. On aurait pu l’entendre tu sais.
Grandir ce n’est pas toujours simple, c’est vrai. Mais saches que je serai toujours là pour t’accompagner. J’aime te voir éclore au fil du temps, t’épanouir, danser et chanter à longueur de journée. J’aime découvrir ce petit bout de femme en devenir. Indépendante, déterminée, rigolote, complexe et tellement fragile.
Alors à nos futures années, mon doux volcan, ma délicate tornade, mon artiste, ma Cracotte adorée.