Maman pétille
19 Juin 2018
Le RGO, ces trois petites lettres qui semblent si innocentes prisent de façon individuelle et qui se transforment en véritable fléau lorsqu'on les accole…
Tu te demandes peut-être ce que c’est (et c’est tout à ton avantage de ne pas connaître… cela signifie que tu as été épargné).
Alors le RGO, « qu’est-ce donc cette diablerie » ?
Le Reflux Gastro-Oesophagien (RGO pour les intimes) est une remontée involontaire du contenu gastrique, imprégné d’acide, dans l’oesophage provoquant ainsi des brûlures. Ces remontées sont causées par une défaillance (ou une immaturité) du système anti-reflux.
Le reflux peut s’accompagner de régurgitations ou pas et peut causer une oesophagite (lésions de la muqueuse de l’œsophage) ou favoriser l’apparition de certains troubles pulmonaires et ORL (otites, laryngites chroniques, asthme, …).
Avec Cracotte, nous avions déjà effleuré ce MAL.
Ces rots se transformaient en véritable vomissement avec en prime une odeur nauséabonde, âcre et acide et sa digestion était réellement douloureuse.
Le pédiatre nous avait prescrit un pansement gastrique qui nous fut d’une aide indéniable pour atténuer le reflux.
Cependant, nous étions à mille lieux d’imaginer ce que l’avenir nous réservait.
A la naissance de notre Paupiette, nous espérions secrètement que notre copain RGO ne s’invite pas de nouveau… Et puis « de toute façon maintenant, nous serions armés », clamions-nous bien (trop) sûrs de nous.
Mais, très tôt…
Des pleurs, beaucoup, tout le temps,
Un rythme alimentaire bien difficile à trouver,
Des difficultés respiratoires aussi,
Des raideurs,
L’absence de sieste,
Et ce machouillage…
Tout cela aurait pu (dû) nous encourager à insister auprès du personnel médicale dès ses premiers jours de vie.
Et d’ailleurs en écrivant ces mots (maux), je me demande encore comment nous avons pu passer à côté.
« Non, elle ne régurgite pas… les coliques du nourrisson, ça vous parle ? »
« Du fait de votre césarienne, elle a beaucoup de sécrétions qui la dérangent, l’essorage naturel des poumons n’a pas été fait… »
« Ne vous stressez pas… ».
Voilà ce que l’on nous répétait à longueur de journée, finissant par nous convaincre. Après tout, ils savent, EUX.
Et c’était ces mêmes arguments que nous bafouillions, de plus en plus timidement, à nos proches lorsqu’ils osaient dévoiler une once d’inquiétude.
Comme une façon de nous auto-persuader, de nous empêcher de voir, de comprendre, que le MAL était revenu. A pas de loup. Le fourbe.
C’était bien là le problème. Notre Paupiette ne recrachait rien et son poids de naissance était plus qu’honorable, donc loin d’éveiller les soupçons.
Le MAL était silencieux cette fois mais pourtant bien présent.
Et il aura fallu attendre ce jeudi du mois de janvier…
Notre Paupiette avait 20 jours. 20 petits jours.
Elle était étonnamment calme. Ses pleurs avaient disparu. Elle s’alimentait peu et semblait « usée ». Comme nous.
J’avais peur de m’alarmer trop rapidement (encore) (vous vous souvenez, je suis une maman stressée, toussa, toussa).
Mais en même temps, je le sentais bien (ou mal).
Quelque chose clochait.
Et d’un coup, ce moment que je n’oublierai jamais, son souffle coupé.
Elle s’est arrêtée de respirer.
Je me suis arrêtée de réfléchir.
Un court instant.
Presque une éternité.
Une claque.
Puis, tout s’est enchaîné.
Nous voilà propulsés aux urgences du centre hospitalier, alors que nous étions en pleine épidémie de grippe et de gastro-entérite, isolés (« ah, elle n’a que 20 jours ?! »).
Là, je me préparais (encore) à faire face à l’incrédulité d’un personnel débordé. Mais pas cette fois. Heureusement.
Nous avons rapidement été écoutés (enfin), accompagnés par des spécialistes. Et après une série d’examens, et trois jours d’hospitalisation, le diagnostic du gastro-pédiatre fut sans appel.
Un important œdème au larynx lié à un RGO interne SEVERE.
Nous l’apprendrons alors, le RGO crée des apnées physiologiques, des pauses respiratoires très courtes sans conséquence, bien qu’impressionnantes.
Ce fameux jour du mois de janvier.
Ce fameux jour, qui a tout changé.
Ce jour, où on l’a enfin nommé.
Ce quelque chose devenait vrai.
Triste retour à la réalité.
Depuis, malgré les pansements gastriques, les séances d’ostéopathie, l’anticipation de la diversification alimentaire, tout n’est pas toujours simple.
Disons, que l’on réapprend à composer avec ce cinquième membre de la famille quelque peu envahissant et à l’origine d’un sacré foutoir.
Alors oui, en soit, ce n’est pas un problème de santé majeur. Il y a bien plus grave, et la situation ne pourra que s’améliorer avec le temps.
J’en suis consciente.
Mais aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, c’est pesant.
Pesant d’avoir à appréhender chaque repas.
Pesant de voir son enfant se tordre de douleur.
Pesant, de se sentir si impuissant, incapable de soulager ses douleurs.
Pesant, d’être aux aguets du moindre signe d’oesophagite (régurgitations avec traces de sang, perte de poids, …).
Pesant de trembler à chaque étouffement.
Pesant de devoir médicaliser si tôt son enfant.
Allez, un jour, elle et moi, on n’y pensera plus, c’est sûr… Et d’ici là, on fait comme on peut… Oui, c’est ça, on a qu’à faire comme ça !