Maman pétille
26 Février 2021
L’instruction en famille, vaste sujet qui a été de nombreuses fois d’actualité ici, sans jamais pour autant oser. Perçue comme LA solution aux difficultés rencontrées au cours des trois premières années de scolarité de Cracotte, on a toujours fini par faire en sorte de repousser l’échéance, de trouver des excuses, un plan B. Hello « Madame je manque cruellement de confiance » !
En mars dernier, par la force des choses, le confinement nous avait permis de l’expérimenter. Et puis il y avait eu ce faux départ qui m’avait vite fait déchanter. Vous vous souvenez, on était parties dans la mauvaise direction avec Cracotte en voulant appliquer avec rigueur les consignes envoyées par la maîtresse, respecter à la lettre les horaires, le rythme dicté. Si nous entrevoyons l’IEF comme une solution ce n’était clairement pas de cette façon. Quitte à essayer, autant le faire pour de vrai. Je nous ai fait confiance. Et c’était mieux après. Pas parfait. Mais ça l’a fait.
Alors en septembre, la question s’est posée de poursuivre sur cette lancée. Mais encore une fois, j’ai clairement flippé. L’arrivée de l’asticot, l’ouragan Paupiette à tenter de canaliser et une si importante année de CP à préparer… Est-ce que j’allais arriver à tout gérer ? Comment être sûre qu’elle progresserait suffisamment ? Etait-ce vraiment l’unique solution ? Alors voilà, c’est les idées bien confuses que nous avions tranché l’Homme et moi, c’est à l’école, « la vraie » que Cracotte ferait sa rentrée…
Pour nous rassurer, on s’accrochait à cette idée, celle qu’en CP tout finirait par s’arranger. L’apprentissage de la lecture lui permettrait d’assouvir sa soif d’apprendre.
On y croyait.
Et puis, elle avait intégré une classe de CP-CE1 a dominante CE1 (il n’y avait que 5 CP). Une chance, pour elle qui aime la compagnie « des plus grands ».
On y croyait.
Encore.
Ça avait pourtant bien commencé. C’était toujours compliqué de savoir quel avait été le programme de sa journée (« des fiches de Taoki et du coloriage parce que j’avais fini »… voilà ce que l’on arrivait tout juste à récolter) mais elle rentrait en nous racontant le détail de la leçon de grammaire des CE1. Alors on pensait qu’avec le temps, ça le ferait.
Et puis les choses se sont accélérées jusqu’à atteindre des sommets en janvier… ces plaques d’eczéma quelques jours avant la rentrée, cette fatigue inexpliquée, le repli sur soi, le retour de l’agressivité. Ça ne pouvait plus durer.
Sentir son enfant s’éteindre à l’approche de l’école, traverser la cours de récré, les yeux embués sans vous quitter du regard et partir s’isoler. C’était trop.
Loin de moi la volonté de pointer du doigt les méthodes éducatives ou les programmes. Là n’est pas le sujet. L’école dans sa globalité peut être un lieu d’épanouissement et de développement essentiel pour beaucoup d’enfant. La plupart certainement. Mais pas pour tous. Pas pour Cracotte. Pas maintenant. Nous avons mis du temps à le réaliser, à l’accepter. Et nous avons fini par nous adapter.
Source : pixabay.com
Depuis mi février, la salle de classe a été délocalisée. Dure décision en cours d’année, d’autant plus dans ce contexte où l’IEF est plus que jamais menacée. Mais il le fallait. Nous n’avons fait qu’avancer l’échéance quoi qu’il en soit. Cela faisait partie de notre projet.
Notre choix a été incompris par beaucoup… Cracotte est une élève studieuse et appliquée qui sait parfaitement s’adapter et ne veut surtout pas être remarquée. « S’ils pouvaient être tous comme elle » m’a t-on soufflée… Et puis j’ai aussi eu droit à des « l’école c’est la vie, il faudra bien qu’elle y soit confrontée ».
Oui, ce sont des phrases que j’ai entendues mais pas pour autant écoutées.
Aujourd’hui, je ne sais toujours pas ce qu’il se passait à l’école et ce depuis sa première rentrée. Un décalage avec les enfants de son âge ? Pourtant elle a quelques amis en dehors du cadre scolaire. Elle nous parlait souvent du bruit qui l’oppressait. Et puis cette pression qu’elle s’auto-infligeait… Peu importe. Ça avait trop duré.
Depuis mi février, la salle de classe a été délocalisée. Et je l’ai enfin retrouvée, calme et rassurée.
Et Paupiette dans tout ça ? Et bien elle aussi a fait sa rentrée… à la maison ! Née en janvier, elle n’aurait été acceptée à l’école qu’en septembre prochain, à 3 ans et demi. Il était déjà prévu que l’on continue sur notre lancée en co-schooling de façon plus ou moins formelle d’ici là. Mais très vite, elle a voulu « ses cahiers pour écrire et compter ». Alors voilà pour elle aussi l’aventure est lancée.
Ce n’est pas tous les jours facile. Je ne suis pas instit' et le serai jamais. Mais notre quotidien est tellement plus apaisé. C’est ce qu’il nous fallait. A cet instant T.
Ce n’est pas tous les jours facile, mais c’est sans regret !